Nous allons aujourd’hui à la rencontre de Brigitte dans sa boutique, qu’elle a ouverte à Eymet en novembre 2022. Elle y crée et vend ses céramiques, délicates et colorées.

Brigitte est née en Normandie et s’est d’abord orientée vers la peinture : tableaux mais aussi meubles, boîtes et malles décorées à la main. Elle part vivre en Pologne pendant cinq ans et y découvre la céramique de Bolesławiec. Elle visite des ateliers de fabrication, découvre la magie de cette céramique et en tombe amoureuse. De retour en France, elle décide d’abord de la vendre, puis, en 2012, elle entame un CAP Tournage en Céramique à Montreuil où elle se forme auprès d’un Maître d’apprentissage spécialisé dans la porcelaine de Sèvres.

Depuis trois ans, elle a posé ses bagages à Eymet, où elle était déjà venue auparavant pour participer à des expositions. Sa céramique plaît aux Eymétoises et Eymétois car elle a su l’adapter aux goûts de la clientèle anglaise très présente dans le village. C’est bien cela la spécificité de son travail, sa capacité à penser une céramique de Bolesławiec à la française. Très réputée, cette céramique polonaise est pour elle la plus belle au monde. En Pologne, elle est fabriquée dans des moules en plâtre. La barbotine y est coulée directement, il est donc impossible de maîtriser l’épaisseur de la pièce. En la vendant, Brigitte s’est aperçu de ses défauts, son poids notamment. Elle en a donc adapté le procédé de fabrication : le fait de tourner et de mélanger terre et porcelaine permet un travail plus fin et ainsi d’enlever du poids. La méthode de peinture au tampon, caractéristique, a quant à elle été conservée. Brigitte fabrique ses tampons à la main et varie les méthodes. Les pièces sont décorées entièrement au tampon ou entièrement au pinceau, parfois avec un mélange des deux. Cela permet notamment de jouer sur les prix en fonction du temps passé à fabriquer et décorer chaque œuvre. Brigitte a également adapté les modèles. Si les polonais sont friands de motifs traditionnels comme les yeux de paon, les français et les anglais ont d’autres préférences que Brigitte a su déceler au gré de ses tests. Les pièces qu’elle préfère fabriquer sont les théières car celles-ci permettent une possibilité infinie de formes et de tailles.

Avec le temps, la pratique évolue. En plus de 10 ans de céramique, on apprend à maîtriser le métier : la fabrication est différente, la maîtrise de la matière est affinée, ce qui permet d’être plus à l’aise dans les expérimentations et donc de faire plus de découvertes. En ce moment, Brigitte apprend le filage du verre afin d’associer verre et céramique dans ses prochaines créations. C’est aussi ce qui la passionne dans son métier, les apprentissages constants et le fait d’évoluer avec la matière. A moyen-terme, elle souhaite travailler la porcelaine plus spécifiquement, un matériau plus noble qu’elle aime tout particulièrement. Son toucher d’abord est différent : travailler de la porcelaine, c’est comme avoir une motte de beurre en main. C’est aussi une matière plus exigeante car elle garde une mémoire de forme, contrairement au grès. Une erreur sur de la porcelaine, même corrigée, ressort à la cuisson.

Le travail de la céramique, c’est un aussi un grand travail de bibliographie sur les diverses pratiques, les formes qui évoluent suivant les années et les époques. L’idée essentielle pour Brigitte est de trouver la forme qui convient. Elle adapte son regard, soucieuse aussi de la façon qu’on les uns et les autres de se servir d’un objet. Par exemple, les tasses sans anses, son produit phare, répondent à une problématique bien particulière. Partant du constat que les tasses vendues dans le commerce sont souvent trop petites ou trop grandes pour les machines à cafés, Brigitte a réfléchi à une taille standard qui non seulement irait sur toutes les machines, mais qui serait également dépourvue de anses : allant au four, ces tasses à café peuvent aussi servir à la confection de muffins, crèmes caramels, mousses au chocolat… L’idée est bien d’avoir un produit pouvant répondre à plusieurs utilisations. Même chose pour ses reposes-cuillères, rectangulaires afin de pouvoir aussi y poser petits cakes et petits gâteaux. Les créations de Brigitte associent ainsi la praticité à la beauté. Elle favorise aussi les tasses rondes, pour une meilleure prise en main, avec des lignes qui épousent la forme des mains, au contraire des tasses droites. Le souci est de garantir le plaisir de prendre la pièce entre nos mains, qui après tout sont rondes elles aussi.

Dans son atelier, Brigitte fait jouer les matières entre elles. Le rapport à celles-ci nous ramène selon elle au rapport que l’on a à la terre. Elle développe ses propres techniques pour alléger les pièces, mélangeant par exemple porcelaine et… papier toilette ! En effet, le papier toilette contient de la cellulose qui brûle à la cuisson et allège ainsi la pièce. Cela permet d’obtenir de petites pièces légères et solides. C’est ce côté sorcier des mélanges qui intéresse Brigitte, toujours à la recherche de nouvelles solutions pour mêler les terres : grès, porcelaine, terre noire… Elle travaille également les cuissons, jusqu’à trois pour certaines pièces, et les métaux précieux (bronze, platine, or) dans certaines œuvres. Brigitte travaille avec la nature, s’inspirant de ce qu’elle rencontre, de ce qu’elle voit dans la journée, mais aussi de ce que ses clients lui demandent. Il arrive parfois que leurs suggestions évoluent vers d’autres idées. Le contact avec la clientèle est aussi souvent l’occasion d’expliquer les processus de fabrication encore trop méconnus du grand public. Brigitte est d’ailleurs une fervente adepte des marchés, qui lui permettent de rencontrer une clientèle différente de celle de sa boutique : si tout le monde ne rentre pas dans une boutique, le marché est un lieu de rencontre plus divers et enrichissant. Cela tient beaucoup à cœur à Brigitte, qui fait attention à proposer une gamme de prix pour toutes les bourses :

« J’estime que le matin, tout le monde a le droit de boire dans une belle tasse pour se donner de la bonne humeur ».

Plus d’informations sur cet artisan :

Brigitte Millet

Artisan céramiste, Eymet

Adresse

14, rue du Temple

24500 EYMET

Téléphone

06 67 02 52 11