Nous allons aujourd’hui à la rencontre de Frédéric, dans son atelier-boutique à Issigeac. Il y vend depuis 2005 ses réalisations en verre.

Frédéric baigne depuis tout petit dans le monde de l’artisanat d’art : son père, souffleur de verre à Boisse depuis 1977, lui a transmis sa passion du métier. Après des études dans l’habillement, il entame donc un apprentissage à l’âge de 24 ans. Cinq ans plus tard, il s’installe à son compte et déménage à Issigeac en 2005. Sa boutique-atelier répond à plusieurs enjeux propres à son activité : potentiel économique dû à l’attractivité touristique d’Issigeac, grande surface et terrain permettant d’y stocker une cuve pour le gaz nécessaire au fonctionnement des fours. Il y propose au public une production variée : verrerie bullée classique traditionnelle, reproduction de verrerie romaine, verrerie d’inspiration médiévale, verrerie décorative (boules de Noël, presse-papiers, fleurs, flacons à parfum, ensembles de salle de bain…). Frédéric effectue également des travaux sur commande : des bouteilles pour la viticulture, du travail de reconstitution, de la réparation de verre ébréché et de la restauration de luminaire.

La production de verrerie bullée, très à la mode auprès des clients depuis les années 50 avec un regain d’intérêt dans les années 2000, est de moins en moins rependue car assez technique. La verrerie d’inspiration médiévale est également assez difficile à faire car elle prend du temps et n’est donc pas la plus rentable, tandis que la réparation des luminaires, très compliquée, demande un matériel bien spécial.

Dans la pratique de son métier, Frédéric aime tout particulièrement travailler devant le public. L’atelier permet non seulement la production corollaire à une entreprise artisanale mais aussi de dialoguer avec le public et de lui faire découvrir le métier de souffleur de verre. Il s’agit pour Frédéric d’éduquer les uns et les autres sur cette matière si familière qu’ils connaissent pourtant si peu. Observer son travail au sein de son atelier permet de se rendre compte de la chaleur, du bruit, de la vitesse de travail, d’expliquer les différents fours… Les plus petits comme les plus grands sont souvent fascinés de voir que le verre est mou lorsqu’il est travaillé et admirent la transition de la matière comme ils l’admireraient devant un céramiste tournant un bol. Nourrir la curiosité des gens face au travail de la matière permet également pour Frédéric de démonter les idées reçues sur son métier, comme le fait qu’il ne nécessite pas forcément d’avoir beaucoup de souffre, ou encore de répondre aux questions sur le recyclage du verre. Frédéric est avant tout un artisan : dans sa méthode de travail, il s’inspire de ce qu’il trouve au gré de ses lectures sur les pièces de musées. Il recherche la difficulté technique dans de premières réalisations avant de passer à l’étape du dessin en prenant en compte les défis en terme de technicité. Pour les flacons par exemple, une production typique s’étale sur une semaine, le premier jour étant consacré à toute une série d’essais pour retrouver le mode opératoire optimale, avant de travailler ensuite sur les décors puis de revenir sur la forme.

80% des déchets de verre sont recyclés dans son atelier. La verrerie romaine par exemple est entièrement réalisée en verre recyclé. 70% du verre utilisé par Frédéric est du verre de recyclage, les 30% restants sont faits par ses soins avec un mélange de sable, de carbonate de soude et de carbonate de chaux. Le mélange va dans une bétonnière avant d’être enfournée dans un four chauffé à 1280°C afin que le sable se transforme en verre. Le sable provient de la région de Fontainebleau, dont le sable d’excellente qualité fournit la plupart des verreries d’Europe. Avant d’être transformé en verre, le sable doit être débarrassé de l’oxyde de fer qu’il contient afin d’éviter la coloration verte que l’on peut parfois voir dans le verre à vitre de moins bonne qualité.

La monde de la verrerie obéit aussi à des tendances, en terme de couleurs phares notamment. Certaines années favorisent une couleur plutôt qu’une autre, bien que le bleu semble rester un classique pour beaucoup de clients. Frédéric propose douze colories différents dans ses productions. Les techniques à la mode en ce moment sont celles venues d’Italie, comme les baguettes. Cette question de la technicité reste au cœur du métier de souffleur de verre : il faut entre cinq et dix ans à un artisan formé pour bien maîtriser les bases. Frédéric note cependant que ce métier passionnant a peu de débouchés et du mal à se féminiser. En effet, il est plus difficile pour les souffleuses de verre de s’insérer car peu d’ateliers sont dirigés par des femmes. Quant aux débouchés en général, elles sont surtout dans les manufactures, où le travail est peu valorisé malgré la pénibilité. Il reste compliqué de s’installer à son compte car cela demande d’investir beaucoup de matériel dès le départ et de pouvoir rapidement couvrir les coûts en gaz et/ou en électricité pour les fours.

Plus d’informations sur cet artisan :

Frédéric Guillot

Souffleur de verre, Issigeac

Adresse

Atelier des Verriers

Rue de la Gare

24560 ISSIGEAC

Téléphone

05 53 73 22 56

06 87 34 25 54